Le logiciel a été créé par Christian Cavadia, informaticien responsable de l'ARTA, à partir du cahier des charges que je lui avais rédigé et en fonction des maigres possibilités du matériel informatique dont nous disposions: un Tektronis
de 128 KO, soit la capacité d'une petite calculette aujourd'hui !!!. La visualisation du calcul en cours sur l'écran était très rudimentaire et très longue à s'afficher.
Une trame orthonormée définit la position du réseau de flèches.
Quand le réseau est calculé, on fait disparaître le tracé de la trame et on imprime les flèches avec un petit traceur format A4 équipé d'un crayon feutre de faible diamètre.
Le logiciel de Christian Cavadia permettait de positionner un ou plusieurs pôles d'attractions, à partir desquels je pouvais définir des représentations de "forces" déformant la trame de référence et ainsi piloter le calcul des tensions des flèches. Il fallait tâtonner sur des échantillons simples qui cumulés avec d'autres permettaient d'entrevoir ce que serait à peu près le résultat des calculs.
Le nombre de flèches à calculer était limité selon la complexité des paramètres de déformation de la trame.
Les valeurs données aux fonctions de déformation à partir des pôles d'attraction combinés finissent par générer des réseaux complexes, résultants de contractions et de dilatations que j'ai appelées "les réseaux aberrants" ou "fonctions folles". En premier lieu le résultat de tels calculs devient, compte tenu des moyens de contrôle à notre disposition, imprévisible. En second lieu ces calculs, bien que cohérents mathématiquement vis à vis du système qui opère ces calculs, sinon le processus se bloquerait, sont dans certains cas aberrants par rapport à la nécessité d'obtenir une forme-flèche identifiable.
Le meilleur exemple fut lorsque j'ai lancé un calcul final d'une forme qui serait très complexe compte tenu des paramètres demandés, la machine n'avait toujours rien affiché au bout de plusieures heures. Nous avons arrêté le calcul et vérifié les paramètres, et Christian Cavadia aboutit à la conclusion que la dernière trace calculée était une partie de la trame projetée à l'infini. Que faire d'une forme qui se développe à l'infini ?
Depuis ce constat je doute toujours des résultats des ordinateurs qu'on définit comme étant exacts, alors qu'ils ne font que reproduire nos aberrations acceptables.